Lettre ouverte...
16
juil.
2011
... en réponse à JPL. Vous ne m'en voudrez pas de vous répondre publiquement, finalement ce sera profitable à tout le monde. Début de la discussion ici, dans les commentaires.
Et moi ça me fait un article....
*****
J'ai jeté un oeil au travail de Mursic. Ses couleurs sont très belles, malheureusement je n'ai pas eu le déclic. Je pense que c'est pour la simple et bonne raison que ce style d'abstrait/paysage est très en vogue et je commence à ressentir l'overdose... Cela dit, ça n'enlève rien à la qualité de sa peinture.
L'influence que je citais dans les commentaires, c'est Philippe Beckman, installé en Bretagne également. Son site est dans mes liens, je ne doute pas que vous trouverez l'influence évidente...
L'influence que je citais dans les commentaires, c'est Philippe Beckman, installé en Bretagne également. Son site est dans mes liens, je ne doute pas que vous trouverez l'influence évidente...
Mais au fait, pourquoi chercher à copier? Qui plus est, copier de l'abstrait est, dans ma façon de peindre en tout cas, impossible. A vrai dire, je serais même incapable de reproduire un de mes propres tableaux! Pourquoi? Parce que le hasard tient une place importante dans ma peinture? Je ne parle pas forcément du fait de poser des tâches au pif en croisant les doigts pour ça donne quelque chose de potable. Le geste est important: il est unique. Quand je lance un coup de couteau ou de pinceau, j'ai une idée en tête, et je l'applique sans forcément réfléchir, surtout quand je débute la toile. Parfois je passe beaucoup de temps à composer une structure agréable à l'oeil, avant de tout recouvrir et de recommencer, parce qu'il y aura eu le geste de trop. Tenter de rattraper le coup serait comparable à de l'acharnement thérapeutique. Le plus dur en peinture, et particulièrement en abstrait, c'est de savoir s'arrêter!
Si le déroulement de la peinture se passe bien, de manière fluide, je constate que les nombreuses touches et couches de peinture précédemment appliquées finissent par créer une structure aléatoire qui, à mon sens, influent considérablement le résultat final. Ici, un empâtement accrochera un paquet de peinture; là, les stries d'un coup de pinceau piègeront une peinture plus liquide. Il en va de même pour la teinte finale, mais dans une moindre mesure, puisque mes noirs, rouges et blanc sont très opaques. Je pense donc que le résultat de ma peinture est fonction de toutes mes erreurs, tâtonnements, reprises... d'où l'importance de travailler à l'acrylique.
Son séchage rapide permet d'enchaîner les couches et les couches, avant que l'inspiration et/ou la motivation ne s'évaporent.
En ce moment, je m'essaye vainement à un nouveau travail abstrait, à l'huile cette fois, et il me serait clairement impossible de faire ce que je fais avec l'acrylique.
Le fait que vous travailliez sur de l'Isorel, même côté rugueux, n'est pas la cause de votre "échec". Le problème se situe dans le procédé. Je ne peux m'empêcher de vous imaginer le pinceau à la main, tentant de reproduire la moindre ligne, dégradé ou aplat le nez collé sur la toile, là où ces efets sont souvent le fuit d'un heureux hasard. :)
L'huile me permet en revanche des glacis et fondus très périlleux à réaliser à l'acrylique. Pour tout dire, j'expérimente en ce moment ls effets vaporeux et crépusculaire de Turner, qui m'influence considérablement depuis quelques jours. Sans doute la faute d'un client régulier du magasin où je bosse, pour lequel j'ai beaucoup d'admiration. Un grand type, imaginez l'inspecteur Harry, en plus dandy. Ce type peint des ciels. J'étais sceptique jusqu'à voir son travail: je suis resté sur le cul.
Mercredi, il est entré dans le magasin, bouleversé. Il me dit "Elle est très belle la toile dans la vitrine!" Je lui demande laquelle. "Celle dans les tons violets... on dirait l'Incendie du Parlement de Turner". "Ah ben, merci." J'étais un peu gêné.
Il ne m'a pas cru quand je lui ai dit que c'était ma toile. Il m'avoué qu'il pensait qu'elle était l'oeuvre d'un vieux peintre, dans la soixantaine.
Alors il m'a regardé, un long silence, et m'a simplement dit, de sa voix basse et caressante,"Vous êtes un vrai peintre."
C'est, je crois, le plus beau compliment qu'on m'ai fait depuis que j'ai pris un pinceau pour la première fois. Pas un bon peintre, un vrai peintre. Venant de lui, ça m'a profondément touché.
Vendredi, il est revenu acheter une bricole mais surtout avec un livre sur Turner, qu'il m'a généreusement offert. On a encore un peu parlé de peinture, et comme je ne bosserai plus dans ce magasin avant la fin de l'été, avons échangé nos coordonnées.
Pourquoi je vous raconte cette anecdote un peu prétentieuse? Parce que déjà, je ne perd pas une occasion de me regonfler l'égo en la narrant chaque fois que je peux. :)
Mais surtout pour illustrer le fait que parfois, un simplement commentaire, remarue positive sur votre travail peut considérablement influence la suite de votre oeuvre. Et clairement, depuis la nuit dernière, j'enchaîne les toiles et les pochades avec plus ou moins de succès, complètement encré dans les toiles de Turner donc je tente de reproduire les lumières éblouissantes et apocalyptiques de ses marines. J'étais dans un flou profond depuis la fin de la série Chaos, d'où mon absence sur le blog... mais là je pense avoir repris pied.
Copier n'est pas un mal. Le plus important, c'est ce qu'on tire de la copie, ce qu'elle nous apprend sur notre propre style et technique, et ce que potentiellement cela va apporter à nos futures oeuvres. Parfois, ça n'apporte rien. Mais au moins on le sait. D'autres fois, ça ressort bien des années plus tard.
Expérimentez! On ne peint pas un chef-d'oeuvre à chaque scéance peinture, mais on en apprend chaque fois un peu plus.
PS: Turner, ça envoie du bois, quand même:
C'est le seul tableau que je trouve réellement éblouissant, au sens propre.
The Slave Ship, ou comment Turner a posé les bases de l'abstraction moderne.
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