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Les Carnets de Steiner Le blog d'un artiste peintre qui ne sait pas où il va, mais qui y va quand même. Mes humeurs, mon travail en cours, mais également des informations sur la technique et le processus créatif.

Lettre ouverte...

Narcisse Steiner

... en réponse à JPL. Vous ne m'en voudrez pas de vous répondre publiquement, finalement ce sera profitable à tout le monde. Début de la discussion ici, dans les commentaires.

Et moi ça me fait un article.... 

*****

 

J'ai jeté un oeil au travail de Mursic. Ses couleurs sont très belles, malheureusement je n'ai pas eu le déclic. Je pense que c'est pour la simple et bonne raison que ce style d'abstrait/paysage est très en vogue et je commence à ressentir l'overdose... Cela dit, ça n'enlève rien à la qualité de sa peinture.
L'influence que je citais dans les commentaires, c'est Philippe Beckman, installé en Bretagne également. Son site est dans mes liens, je ne doute pas que vous trouverez l'influence évidente...
Mais au fait, pourquoi chercher à copier? Qui plus est, copier de l'abstrait est, dans ma façon de peindre en tout cas, impossible. A vrai dire, je serais même incapable de reproduire un de mes propres tableaux! Pourquoi? Parce que le hasard tient une place importante dans ma peinture? Je ne parle pas forcément du fait de poser des tâches au pif en croisant les doigts pour ça donne quelque chose de potable. Le geste est important: il est unique. Quand je lance un coup de couteau ou de pinceau, j'ai une idée en tête, et je l'applique sans forcément réfléchir, surtout quand je débute la toile. Parfois je passe beaucoup de temps à composer une structure agréable à l'oeil, avant de tout recouvrir et de recommencer, parce qu'il y aura eu le geste de trop. Tenter de rattraper le coup serait comparable à de l'acharnement thérapeutique.  Le plus dur en peinture, et particulièrement en abstrait, c'est de savoir s'arrêter! 
 
Si le déroulement de la peinture se passe bien, de manière fluide, je constate que les nombreuses touches et couches de peinture précédemment appliquées finissent par créer une structure aléatoire qui, à mon sens, influent considérablement le résultat final. Ici, un empâtement accrochera un paquet de peinture; là, les stries d'un coup de pinceau piègeront une peinture plus liquide. Il en va de même pour la teinte finale, mais dans une moindre mesure, puisque mes noirs, rouges et blanc sont très opaques. Je pense donc que le résultat de ma peinture est fonction de toutes mes erreurs, tâtonnements, reprises... d'où l'importance de travailler à l'acrylique. 
Son séchage rapide permet d'enchaîner les couches et les couches, avant que l'inspiration et/ou la motivation ne s'évaporent. 
 
En ce moment, je m'essaye vainement à un nouveau travail abstrait, à l'huile cette fois, et il me serait clairement impossible de faire ce que je fais avec l'acrylique. 
Le fait que vous travailliez sur de l'Isorel, même côté rugueux, n'est pas la cause de votre "échec". Le problème se situe dans le procédé. Je ne peux m'empêcher de vous imaginer le pinceau à la main, tentant de reproduire la moindre ligne, dégradé ou aplat le nez collé sur la toile, là où ces efets sont souvent le fuit d'un heureux hasard. :)
L'huile me permet en revanche des glacis et fondus très périlleux à réaliser à l'acrylique. Pour tout dire, j'expérimente en ce moment ls effets vaporeux et crépusculaire de Turner, qui m'influence considérablement depuis quelques jours. Sans doute la faute d'un client régulier du magasin où je bosse, pour lequel j'ai beaucoup d'admiration. Un grand type, imaginez l'inspecteur Harry, en plus dandy. Ce type peint des ciels. J'étais sceptique jusqu'à voir son travail: je suis resté sur le cul. 
Mercredi, il est entré dans le magasin, bouleversé. Il me dit "Elle est très belle la toile dans la vitrine!" Je lui demande laquelle. "Celle dans les tons violets... on dirait l'Incendie du Parlement de Turner".  "Ah ben, merci." J'étais un peu gêné.
Il ne m'a pas cru quand je lui ai dit que c'était ma toile. Il m'avoué qu'il pensait qu'elle était l'oeuvre d'un vieux peintre, dans la soixantaine. 
Alors il m'a regardé, un long silence, et m'a simplement dit, de sa voix basse et caressante,"Vous êtes un vrai peintre."
C'est, je crois, le plus beau compliment qu'on m'ai fait depuis que j'ai pris un pinceau pour la première fois. Pas un bon peintre, un vrai peintre. Venant de lui, ça m'a profondément touché.
Vendredi, il est revenu acheter une bricole mais surtout avec un livre sur Turner, qu'il m'a généreusement offert. On a encore un peu parlé de peinture, et comme je ne bosserai plus dans ce magasin avant la fin de l'été, avons échangé nos coordonnées.
 
Pourquoi je vous raconte cette anecdote un peu prétentieuse? Parce que déjà, je ne perd pas une occasion de me regonfler l'égo en la narrant chaque fois que je peux. :)
Mais surtout pour illustrer le fait que parfois, un simplement commentaire, remarue positive sur votre travail peut considérablement influence la suite de votre oeuvre. Et clairement, depuis la nuit dernière, j'enchaîne les toiles et les pochades avec plus ou moins de succès, complètement encré dans les toiles de Turner donc je tente de reproduire les lumières éblouissantes et apocalyptiques de ses marines. J'étais dans un flou profond depuis la fin de la série Chaos, d'où mon absence sur le blog... mais là je pense avoir repris pied. 
 
Copier n'est pas un mal. Le plus important, c'est ce qu'on tire de la copie, ce qu'elle nous apprend sur notre propre style et technique, et ce que potentiellement cela va apporter à nos futures oeuvres. Parfois, ça n'apporte rien. Mais au moins on le sait. D'autres fois, ça ressort bien des années plus tard.  
Expérimentez! On ne peint pas un chef-d'oeuvre à chaque scéance peinture, mais on en apprend chaque fois un peu plus.
PS: Turner, ça envoie du bois, quand même:
 
http://www.artsetloisirs95.net/wordpress/wp-content/uploads/2010/05/turner_g.jpg
C'est le seul tableau que je trouve réellement éblouissant, au sens propre.
 
http://www.ibiblio.org/wm/paint/auth/turner/i/slave-ship.jpg
The Slave Ship, ou comment Turner a posé les bases de l'abstraction moderne.
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Commentaires
L
<br /> Je l'ai toujours dit que Turner, ça envoie du pâté.<br /> <br /> <br />
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N
<br /> <br /> Je crois que ça envoie même le panorama complet des charcuteries.  <br /> <br /> <br /> Remarque, ça aurait pu être pire, étant anglais, il aurait pu envoyer de la marmite.<br /> <br /> <br /> <br />
P
<br /> @JPL,<br /> Breton?, 22?<br /> As tu un site, peut-on voir ton travail?<br /> Merci<br /> <br /> <br />
Répondre
P
<br /> Suis également fan de Turner depuis toujours, mais 2ème période seulement.<br /> <br /> <br />
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S
<br /> Le lien que tu mets au début de l'article ne doit pas être le bon car il n'y a pas trace de votre discussion dans les coms.<br /> <br /> En revanche je suis content pour toi, Narcisse, que tu aies retrouvé le chemin des joies ô combien ineffable de la création.<br /> sérieusement je suis heureux de lire un nouvel article.<br /> <br /> <br />
Répondre
N
<br /> <br /> Meri Stoni, c'est rectifié.<br /> <br /> <br /> En fait, comme je le disais dans l'avant-dernier article, c'est pas un manque d'idée ou d'inspiration qui me fait défaut, j'ai fait ps ma lde truc pendnat mon silence, c'est juste que j'avais la<br /> flemme de mettre en ligne. Je profite de mes dernières semaines à Paris pour peindre un max, ou plutôt, peindre longtemps sur une même toile!<br /> <br /> <br /> <br />
J
<br /> Entièrement d'accord avec vous en ce qui concerne la copie.<br /> Dans le cas des peintres qui travaillent dans l'instant et à l'instinct, en gros depuis les impressionnistes, il est très difficile et relativement peu intéressant de réaliser une copie<br /> millimétrique. On ne peut pas imiter la spontanéité et la fougue créatrice à petits coups de pinceaux précautionneux. Il ne reste plus alors qu'à tenter de retrouver le geste du peintre quitte à<br /> s'éloigner de l'œuvre.<br /> Il n'en va pas de même des peintres antérieurs à 1850 dont la technique prohibait toute trace de coup de pinceau. Ils étaient surement plus "techniques" que les modernes mais paradoxalement plus<br /> facile à imiter, pourvu qu'on prenne le temps nécessaire. Mais allez donc imiter une toile de Van Gogh ou Renoir dans les moindres détails.<br /> <br /> Dans le cas de Chaos ce qui me plait, c'est justement votre geste qu'on devine décidé, ample, rapide. L'intérêt de copier un tel tableau est de tenter de retrouver cette démarche. Si j'y parviens<br /> parfait, sinon j'aurais au moins appris quelque chose, voire découvert une nouvelle technique (pas forcément la votre) que je m'emploierai à maitriser ensuite.<br /> <br /> Y a t il quelque part une photo de votre toile à la Turner ?<br /> Tiens en parlant de ciel et de nuages, il y a un sujet que j'aimerais peindre mais je ne possède pas la technique requise : un vaste tableau représentant une nébuleuse ou une galaxie sur fond<br /> d'étoiles, un tableau astronomique en somme ... Pensez vous que Turner aurait été inspiré par ce sujet ?<br /> <br /> Je ne connaissais pas Beckman, mais j'ai bien apprécié aussi (Ciel ! Serais-je en train de me convertir à l'abstrait ?) particulièrement une de ses dernières toiles sans doute, qui n'a pas de titre<br /> : des petits rectangles rouge vif enserrés dans une grande structure en dégradé de bleu.<br /> <br /> N'utilisez vous pas les retardateurs pour acrylique, qui permettent paraît il de travailler comme à l'huile ?<br /> <br /> <br />
Répondre
N
<br /> <br /> Alors, pour le moment, pas de photos de mes trucs récent en l'absence d'un appareil photo... Je pense que ce sera le prochain investissement.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Je ne sais pas si Turner aurait peint des nébuleuses, je pense qu'il était trop ancré dans le ressenti romantique de es paysages marins et mélancolique, et à moins d'être un peu chatouillé par<br /> l'astronomie,  et ses perspectives, je ne pense pas qu'il y aurait trouvé matière à contemplation.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Sinon, je n'utilise pas de retardeur acrylique, si j'ai besoin de travailler dans le frais, je prend l'huile. Le retardeur peut convenir à certains travaux, mais dans le cadre de mes abstrait,<br /> les dégradés se font soit dans l'épaisseur de la peinture, soit avec des coups de spray. <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> J'ai utilisé du retardateur lorsque je peignais des figurines, mais on s'en passe assez vite. De plus, celui que j'utilisais avait tendane à beaucoup trop fluidifier la peinture, qui perdait en<br /> consistance et gagnais une brillance malvenue. Il paraît que le retardateur Golden, plutôt épais, est le plus efficace. De là à dire que cela permet de travailler comme à l'huile, il y a un<br /> monde. Autant utiliser une huile et un siccatif puissant (type siccatif flamand ou Liquin) plutôt que de faire la popote en permanence sur sa palette avec ses acryliques.<br /> <br /> <br /> <br />